Date de début 2022-09-09 - Date de fin 2023-12-08
En Europe continentale, jusque dans les années 1960, la BD était essentiellement destinée aux enfants et particulièrement aux garçons. Les personnages féminins étaient rares et jamais « sexy ».
La presse quotidienne publiait bien quelques BD, mais toujours très sages. La presse féminine publiait aussi des BD, surtout sentimentales, avec de l’amour mais jamais de sexe.
Et BARBARELLA vint (les années 1964-1974)
Publiée dans V-Magazine en 1962, cette BD connut le succès avec sa sortie en album en 1964 chez l’éditeur Eric Losfeld.
Le succès de Barbarella dans de nombreux pays à ouvert la voie. D’autres BD pour adultes avec plus ou moins d’érotisme furent publiées par la suite en France : « Monsieur Cyber » (dans France-soir puis en album), « Scarlett Dream » (dans V-Magazine puis en album puis dans France-Soir), « Pravda la survireuse» (dans Hara-Kiri puis en album), « Epoxy » (en album), « Blanche épiphanie » (dans V-Magazine puis dans France-soir puis en album), « Paulette » (dans Charlie Mensuel puis en album), … Des BD plutôt destinées à un public d’intellectuels ou de connaisseurs.
Coté grand public, au tout début des années 70 les éditions Aredit lancèrent des BD « pocket » pour adultes (donc théoriquement interdites aux moins de 21 ans). Des adaptations de romans policiers, d’espionnage et de science-fiction. L’érotisme y était présent mais de manière secondaire. Dès le milieu des années 1960 des éditeurs italiens, profitant de la brèche provoquée par Barbarella, se lancèrent dans la publication de BD pour adultes en format « pocket » avec souvent des sujets inhabituels (horreur, fantastique, S-F) teintés d’érotisme : « Satanik », « Isabella », « Jungla », « Lucifera », « Uranella », et bien d’autres. Quelques-unes furent reprises en France.
Coté créateurs français, au début des années 70, suivant l’exemple de la BD underground américaine, plusieurs ont voulu une plus grande liberté. Ils ont voulu aborder des sujets interdits (sexe, drogue) ou marginalisés (science-fiction, horreur, humour potache). La presse BD n’étant pas prête à cela, de nouveaux magazines furent créés : L’Echo des Savanes (créé en 1972), Métal Hurlant (1975), Fluide Glacial (1975).
1975-1990 années érotiques
A partir de 1970 l’éditeur Elvifrance publia en France les BD érotiques italiennes : "Isabella", "Terror", "Lucifera", "Maghella", "Peter Paper", "Zora", ... Les années passant, et surtout à partir de 1980, l’érotisme s’est transformé en pornographie. Toutes les pratiques sexuelles y furent montrées de manière explicite. Le succès fut foudroyant. Ces centaines de pages publiées chaque mois faisaient travailler des dizaines de dessinateurs. Quelques-uns étaient de grand talent.
D’autres éditeurs français profitèrent de cette boulimie de porno et du relâchement de la censure. Il y eu avant tout le mensuel BédéAdult’ (de 1979 à 2005) qui publia des BD très « hard » mises en images par de bons dessinateurs.
Coté BD plus classique, le succès de « Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope » de Georges Pichard (1977) fut comme un déclencheur, d’autres dessinateurs réputés allaient pouvoir se lancer sur le marché de la BD érotico-porno. Les années 80 furent marquées par la parution de quelques « chef-d’oeuvre » du genre : « Le déclic » de Milo Manara (1984), « Les sorcières de Thessalie » de Pichard (1984), « La survivante » de Paul Gillon (1985), « Druuna » de Paolo Serpieri (1985), « Les Malheurs de Janice » de Erich von Götha (1985),...
Des scènes érotiques se trouvaient alors, à des degrés divers, dans toutes les nouvelles revues de BD : Pilote mensuel, l’Echo des Savanes, A Suivre, Métal Hurlant, Circus, Fluide Glacial, Charlie Mensuel …
LA FIN
Elvifrance a cessé son activité en 1992. L’érotisme en BD s’était banalisé, il avait perdu son coté racoleur. Les ventes des autres mensuels de BD se sont effondrées (sans que la cause principale soit le sexe) et la plupart ont disparus (Charlie Mensuel en 1986, Métal Hurlant en 1987, Pilote en 1989, Circus en 1989, …).
Difficile pour la BD érotique de rivaliser avec les videos pornos, d’abord en cassettes VHS puis sur internet.
Les dessins présentés proviennent tous de notre collection. Ils recouvrent les années 1945 à 2000. Ce sont surtout des artistes français (Jean-Claude Forest, Paul Gillon, Georges Pichard, Robert Gigi, ...), italiens (Milo Manara, Stelio Fenzo, Carlo Cossio, ...) et espagnols (Victor De La Fuente, ...).
Quelques dessins sont à vendre au profit de l’association.